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ANCRE [ɑ̃kʀ]
n. f. ou m.

  

Ancienn., mesure de capacité; par ext. récipient pour la conservation et la manutention des denrées alimentaires (surtout liquides).

Dans la cave trois vieilles barriques, une ancre vuides [sic]. 1717, Québec, BAnQQ, gr. P. Rivet, 8 juin.

Défendons à tous marchands et négociants [...] de débiter leur vin et leur eau-de-vie et autres boissons autrement qu’en gros, c’est-à-dire de les vendre par détail en mesures plus petites que d’une demi-barrique pour le vin, et que d’une ancre pour l’eau-de-vie [...]. 1726, Québec, dans Complément des ordonnances et jugements des gouverneurs et intendants du Canada, 1856, p. 448.

A vendre [...] des molosses [= mélasses], du meilleur esprit de la Jamaique, et du taffiat de Philadelphie en tonne [sic] et ancres. 1764, La Gazette de Québec, 5 juillet, p. 3 (annonce).

Les farines et les pois ne peuvent être que dans des sacs pesant soixante livres ou dans de petits ancres du même poids, afin que les hommes qui conduisent ces voitures [en parlant de bateaux] puissent en faire le portage commodément; car ils sont encore obligés de porter leurs canots avec tous leurs agrès et apparaux. 1770 env., document publié dans RAPQ 1924-1925, p. 124.

NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE

L’ancre servait surtout pour les liquides (eau-de-vie, huile, mélasse, etc.), mais elle était utilisée aussi pour les solides (viande de porc et de bœuf, farine, légumineuses). La capacité de ce récipient paraît avoir été fort variable; l’ancre pouvait contenir 70 livres (environ 32 kilos) de denrées solides et jusqu’à 32 pots (environ 60 litres) de denrées liquides. C’était donc un contenant de petite capacité comparativement à la tonne (46 pots), à la demi-barrique (de 55 à 90 pots), au quart (80 pots), à la pipe (210 pots), etc. 

Source : M. Trudel, Initiation à la Nouvelle-France, 1968, p. 238.

Histoire

Depuis 1700 (BAnQQ, Pjn 397-16, 16 septembre, p. 1 : un ancre d’huille de poisson); en usage jusqu’à la fin du XVIIIe s. Mot attesté (avec le genre féminin) dans des documents de l’époque coloniale relatifs à l’Afrique (de 1692 à 1802; désignait un petit baril de 21 à 22 pots, surtout employé pour l’alcool et la poudre, v. MaunyAfr) et à La Rochelle (ancre(s) d’eau-de-vie et ancres citron, XVIIIe s., v. MussSaint qui le définit par « futaille »). Figure dans les dictionnaires français de Fur 1727 à Larousse 1960 avec le genre masculin et orthographié le plus souvent anker, selon la forme d’origine de cet emprunt au hollandais; il y est défini comme étant une mesure de capacité des liquides utilisée dans les pays germaniques et slaves (v. notam. GrVoc 1767, s.v. anker : « Ce mot, qui est Hollandois, se prononce ankre, en françois »). Le mot anker, qu’on rencontre également en anglais, en allemand et en suédois (ankare), a été emprunté au latin médiéval anc(h)eria « baril, cuve », lui-même d’origine incertaine (v. Klein).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Ancre2. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 8 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/ancre-0