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ALLUMELLE ou  ALUMELLE [alymɛl]
n. f.

Rem.

Variantes graphiques alimelle, allimelle, animelle (voir Histoire).

1

VieilliLame.

2022, TLFQ, Lame (« allumelle ») de couteau [photo].

Allumelle de couteau. Couteau, canif à deux allumelles.

 Couteau, outil servant à couper, à tailler.

Rem.On trouve aussi lumelle, moins répandu cependant au Québec qu’en Acadie.

 lumelle.

Quand elle [la victime] m’a eu arraché le couteau, je suis parvenu à le lui arracher de nouveau par l’allumelle; c’est dans ce temps‑là que je me suis coupé les mains. Je l’ai, avec la grosse allumelle, en lui arrachant le couteau, dardée au cou. 1880, Ch. C. Bernier, Procès de Cléophas Lachance, 1881, p. 22‑23.

Daunais : [...] j’ai ici un beau canif dont je pourrais disposer... Fridolin : Il a combien d’allumelles? Daunais : Il est à deux lames... 1939, Gr. Gélinas, Le train de plaisir, 18 octobre, p. 14 (radio).

« Tâche de prendre des bons fusils, puis, il dit, la carabine pour tâcher de te défendre. » « Ah ! il dit, pas besoin de ça, je m’en vais prendre une vieille allumelle de couteau. » Le Ti-Jean part le soir avec une vieille allumelle de couteau [...]. 1966, MontJoli (La Mitis), AFEUL, J.G. Hudon 23 (âge de linformateur : n. d.).

 Après avoir sorti le petit goûter de son sac, il ouvrit son canif, en essuya l’alumelle sur son genou et coupa en deux le pain et la brique de lard salé. 1981, J. Pellerin, Au pays de Pépé Moustache, p. 183‑184.

 (Hapax). (Dans un conte folklorique). Couteau magique.

Il était une fois un homme et une femme qui avaient un garçon qui s’appelait Tit‑Jean. Un jour i’ dit à son père et à sa mère : « Je vas gagner ma vie. » Il s’en allait sur la route. Tout d’un coup i’ aperçoit quelque chose qui reluit. C’était ce qu’on appelle alumelle (qui veut dire une arme qui a des pouvoirs magiques). Cette alumelle avait été perdue par son propriétaire, un géant; il n’avait plus de pouvoir. Tit‑Jean ramasse l’alumelle. Il lit ceci : Celui qui se servira de moi pourra couper du bout de la pointe à sept lieues. Ça fait que Tit‑Jean continue à marcher et arrive à une maison. I’ demande s’il n’y aurait pas de l’ouvrage à lui donner. Le paysan lui répond qu’il y aurait de la terre à défricher le lendemain. Alors Tit‑Jean s’engage. Le lendemain matin le paysan le conduit au bois et lui montre ce qu’il y a à faire dans l’avant-midi. Tit‑Jean est bien découragé. Il se demande ce qu’il va faire quand, tout d’un coup, il pense à l’alumelle. Il prend son alumelle et les souches revolent. Tout se fait sans y toucher. 1951, sœur Marie-Ursule, Civilisation traditionnelle des Lavalois, p. 223.

2

Ancienn., soutane ou surplis sans manches.

On portait le camail depuis le jour des morts inclusivement, jusqu’à l’office du Samedi-saint, aussi inclusivement. On ne mettait sous le camail qu’un surplis sans manche, qu’on appelait alumelle. Le surplis à manches et le bonnet carré reparaissaient au matin de Pâques, et jusque vers 1835, les écoliers qui faisaient partie du chœur à la cathédrale étaient poudrés pour cette circonstance. 1897, Ch. Trudelle, Le Bulletin des recherches historiques, vol. 3, no 12, p. 187.

L’allumelle, qu’on appelait parfois aussi soutane ou surplis de voyage, soutane ou surplis de malade, se portait surtout sous un manteau, quand le prêtre allait administrer les sacrements aux malades. 1986, Québec (auprès d’un ecclésiastique), Fichier lexical du Trésor de la langue française au Québec (enq.).

Histoire

De lumelle, par suite de l’agglutination du a de l’article la (v. RheinfGr 1, p. 158).

1Depuis 1809 (Québec, BAnQQ, greffe L. Guay, 4 mai : deux allumelle [sic] de couteau). Attesté en français depuis le XIIe s. (d’abord alemelle, alemiele, alimele et anemielle, puis alumelle depuis le XIVe s., v. FEW lamĕlla 5, 135a), mais sorti de l’usage courant en France à la fin du XVIIe s. au profit de son concurrent lame (v. Thierry, Miege, Académie 1694 et Trévoux 1704, s.v. allumelle; signalé comme vieux par les dictionnaires qui le relèvent encore de nos jours, v. GLLF, TLF et Robert 1985, s.v. alumelle). Bien attesté également dans les parlers d’oïl (v. FEW 5, 135). 2Depuis 1720 (ASQ, C‑5, p. 580 : 20 echeuvaux de fil d’Epinay pour les allumelles). Attesté sporadiquement en français depuis Ménage 1650, mais sorti de l’usage en France depuis la fin du XIXe s. (v. FEW 5, 135b, Landais 1853; Larousse 1866 et 1897, s.v. alumelle : « On ne dit plus que soutanelle »); cp. aussi allumelle « sorte d’habillement de dessus » dans un glossaire picard du XVIIIe s. (v. DubPic). L’origine de cet emploi, qui est peut-être sans lien avec le sens 1, reste obscure.

Dernière révision : novembre 2022
Trésor de la langue française au Québec. (2022). Allumelle ou alumelle. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 3 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/allumelle-ou-alumelle