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ALLÉGIR [aleʒiʀ]
v. tr. et intr.

  

Vieilliv. tr. Alléger.

 v. intr. Devenir moins lourd.

Rem.En France, allégir est de nos jours limité aux vocabulaires de la menuiserie (allégir une planche, l’amincir) et de l’équitation (allégir un cheval, le rendre plus léger sur le devant en le forçant à porter son corps en arrière).

Je suis aprés a travaillér a fair partir le surplus de cétte garnison a fin de nous alégir pour la comsommation dés vivre [...]. 1755, Cl.-P. Pécaudy de Contrecœur, dans F. Grenier (éd.), Papiers Contrecœur et autres documents, 1952, p. 403.

Bon! tu n’as pas de bagages, tu vas allégir le bateau de ton poids, tu restes avec moi, nous dînons ensemble à deux pas d’ici, nous allons au village, dans cinq heures le bateau repassera et t’emportera jusqu’à la capitale. 1884, A. Lusignan, Coups d’œil et coups de plume, p. 70.

Depuis la dernière fois que je me suis pesé, j’ai allégi de dix livres. 1909, dans Dionne.

Sur nos côtes, où les conditions de vie sont parfois très dures, on cherche, en s’entr’aidant, à les allégir. En divisant les fardeaux et les tâches, en partageant les douleurs et les peines, on les allégit1945, H. Carbonneau, « Les archaïsmes du parler madelinois », dans MSRC 39/1, p. 21.

Et donc aussitôt que les deux esclaves sont embarqués à bord, rien de plus pressé que d’enlever les amarres de sur le quai, pis on se tire au large pour se rendre en France. Le voyage est encore assez long, ça lui prend, environ, pour retourner, vu que le navire était plus allégi, un mois et demi. 1954, Clermont (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 1754 (âge de l’informateur : n. d.).

 Allégi, allégie adj. Allégé.

J’m’ai du coup senti allégi de tous les poids. 1976, Y. Thériault, Moi, Pierre Huneau, p. 30.

Histoire

Depuis 1755. Variante de alléger par suite d’un changement de conjugaison (-er > -ir, v. FEW allĕviare 24, 331b). Allégir (d’abord aligir) est attesté en français depuis la fin du XIIe s. avec les valeurs d’alléger, mais ne paraît plus s’employer de cette façon depuis la fin du XVIIIe s.; à partir de cette époque, le mot ne se rencontre plus que comme terme spécialisé (surtout dans les vocabulaires de la menuiserie et de l’équitation, v. p. ex. GrVoc 1767, Trévoux 1771, Chambaud 1805; considéré de nos jours comme vieux ou régional dans son emploi d’origine, v. TLF). Allégir s’est maintenu dans des parlers de France, de Belgique et des îles anglo-normandes (v. FEW id.; VillWall s.v. aliji, LeMJers s.v. alligi; VivNant, s.v. alegi, signale un exemple d’emploi intransitif). Relevé dans le français de la Louisiane (v. DaigleCaj).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Allégir. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/allegir