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ACCORE [akɔʀ]
n. m.

  

Didact.ou litt.Bord escarpé (d’un cours d’eau, d’une étendue d’eau); falaise.

Rem.La forme accore a manifestement été choisie par les lettrés pour éviter l’emploi de écore (d’usage répandu) et se conformer ainsi à l’usage décrit dans les dictionnaires français depuis le XIXe s. En France, toutefois, le mot accore désigne plutôt le contour d’un écueil, d’un banc (voir Histoire).

Le champ [...] s’étendait, sur une largeur de trois arpents jusqu’à l’accore qui le séparait du fleuve. 1873, J. Marmette, Le chevalier de Mornac, p. 40.

La rivière Saint‑Maurice, sur le parcours du canton [Polette], offre de douces sinuosités; les accores, qui sont en général d’une hauteur moyenne, sont parfois sur le bord de la rivière, puis s’éloignent dix à quinze chaînes et offrent des fonds très propres à la culture. Aussi plusieurs colons se sont établis sur la rivière, défrichent leurs terres qui, déjà, présentent un aspect prospère. 1880, Description des cantons arpentés et des territoires explorés de la province de Québec, 1889, p. 92.

Nos machines ronflent sur une route plus unie et vers l’heure du midi, nous débouchons dans le joli village de Saint-Edouard-de-Péribonca sis au bord des « accores » qui surplombe [sic] la Grande‑Péribonca. C’est de toutes les rivières qui se jettent dans le lac Saint‑Jean la plus pittoresque, comme de tous les villages du Lac Saint‑Jean, celui de Péribonca est le plus joli… 1919, D. Potvin, Au pays du Lac Saint‑Jean, Le Terroir, octobre, p. 76.

Un dernier effort pour gravir l’accore escarpé de la rivière où se trouvait notre campement, et la chaleur bienfaisante de la tente fit bientôt ouvrir les yeux de notre ami [...]. 1940, O.‑Ch. Pelletier, Mémoires, souvenirs de famille et récits, p. 151.

Ils [les pêcheurs] arrivèrent bientôt devant une rivière tortueuse, qui coulait entre des accores très escarpés. Ils descendirent dans les accores, déroulèrent la longue ficelle attachée à leur perche. Puis, ils lancèrent la ficelle à l’eau et silencieux, ils attendirent. 1962, A. Thério, Le journal d’un chien, p. 120.

Histoire

Depuis 1873. Dès 1722 dans une source relative à la Louisiane : Le 30, nous sommes sortis à cinq heures du matin. A demi‑lieue de chemin, à la gauche, il y a un accore blanc, sur lequel il y a beaucoup de pins; l’on y trouve deux petits ruisseaux. […] à 3 lieues trois quarts plus loin, nous avons cabané à la gauche de la rivière à un accore de craye blanche couvert de pins (extrait des journaux de Bénard de La Harpe, dans P. Margry (éd.), Découvertes et établissements des Français dans l’ouest et dans le sud de l’Amérique septentrionale, t. 6, 1888, p. 370). Cet emploi est connu en français de France, mais son usage y est moins bien attesté qu’au Canada (v. Quillet 1974 et Logos 1976, seuls dictionnaires à le consigner; les autres ne relèvent que le sens maritime de « contour d’un écueil, d’un banc », depuis le XVIIIe s., v. FEW moyen néerlandais schore 17, 55a). Accore est issu de écore par suite d’une modification de la voyelle initiale, par analogie avec des verbes comme appuyer, accoter (v. TLF, s.v. accore2; BW5, s.v. accore).

Dernière révision : octobre 2021
Pour poursuivre votre exploration du mot accore, consultez notre rubrique En vedette.
Trésor de la langue française au Québec. (2021). Accore. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 28 mars 2024.
https://www.dhfq.org/article/accore