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ABUS [aby]
n. m.

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(Absol. ou dans abus physique). Mauvais traitement à l’égard d’une personne en position d’infériorité (p. ex. un enfant, une personne âgée), acte par lequel on l’exploite.

Des jeunes victimes d’abus physiques.

SYN. agression (physique).

Rem.Usité notamment par les travailleurs sociaux et les psychologues.

Si nous consultons les enquêtes officielles tenues dans d’autres pays, notamment en Angleterre et en Belgique, nous trouverons partout la même durée excessive de la journée de travail, la même inhumaine exploitation des femmes et des enfants, dont les quelques citations que je viens de vous faire ne donnent qu’une faible idée. L’on peut dire en fait, à peu près sans exagération, qu’au point de vue des abus physiques tout au moins, [il n’y a] pas de spectacle plus pitoyable que les agglomérations industrielles des débuts du siècle dernier. 1922, A. Saint-Pierre, La journée de travail, Revue trimestrielle canadienne, no 32, décembre, p. 435.

John a plusieurs frères et sœurs aînés et, à l’exception d’un seul, ils ont tous comparu en Cour. Deux des garçons ont même été condamnés. Les disputes, les abus physiques, la maladie mentale et le manque total de surveillance rendaient le milieu familial intolérable. 1966, A.‑M. Voisard, Le Soleil, Québec, 6 janvier, p. 25.

[...] je vous parlerai du parent abusif et du parent négligent avec lesquels nous sommes en contact par le biais d’un enfant victime de mauvais traitements, c’est-à-dire un enfant victime d’abus physique ou de négligence. 1980, M.‑A. Beaulieu, Les états de danger et la Loi sur la protection de la jeunesse, p. 87.

Le phénomène des abus et des actes de violence commis à l’endroit des personnes âgées n’est pas nouveau au Québec [...]. Assaut verbal, abandon et institutionnalisation forcée par la famille, vols d’argent, de chèques et de bijoux, nourriture et diète inadéquates et soins médicaux non respectés constituent les abus les plus courants. 1987, Le Journal de Québec, 14 mai, p. 12.

Une mère de trois enfants est soupçonnée d’abus physique et de négligence par l’instituteur, le travailleur social et l’infirmière : coups, brûlures de cigarette, enfants laissés seuls, malnutrition. 1987, L’Actualité, octobre, p. 72.

Le lendemain matin, la fillette ne pouvait plus tourner la tête, et la mère l’a amenée à l’hôpital. Les médecins ont détecté des preuves d’abus physiques sur la petite et ont porté plainte à la police. 2000, C. Desjardins, La Presse, Montréal, 18 avril, p. A1.

2

(Absol. ou dans abus sexuel). Acte par lequel on exploite l’état d’infériorité d’une personne pour en obtenir des faveurs d’ordre sexuel.

Une victime d’abus sexuels. Commettre des abus sexuels sur une patiente. Signaler des cas d’abus sexuels à la Direction de la protection de la jeunesse.

SYN. agression (sexuelle).

Rem.Usité d’abord par certains professionnels des milieux sociaux, cet emploi tend à se répandre dans la langue générale.

 assaut.

Me Steer soumet ensuite à M. Hill le dossier d’un cas d’abus sexuel d’un père sur ses fillettes, survenu en Alberta, en 1939, et où aucune intervention d’un service d’aide à l’enfance ne s’était encore produite en 1945. 1948, Le Devoir, Montréal, 23 juin, p. 8.

Le Comité [de la protection de la jeunesse] exerce les responsabilités suivantes, conformément aux autres dispositions de la présente loi: […] il favorise la protection des enfants victimes d’abus sexuels ou soumis à des mauvais traitements physiques par suite d’excès ou de négligence [...]. 1977, Loi sur la protection de la jeunesse, Lois du Québec, chap. 20, art. 23.

Les cas d’abus sexuels constituent aussi un problème important chez les femmes ayant des défiences [sic], d’autant plus que les agresseurs sont souvent des membres de la famille. L’image qu’elles projettent de personnes « sans défense » accentue leur vulnérabilité. 1986, La Gazette des femmes, juillet-août, p. 18.

Un toucher peut être un geste de tendresse et d’amour ou un cas d’abus sexuel. Entre les deux la différence est énorme mais, pour un œil extérieur, elle est parfois très mince. 1992, Guide Ressources, janvier-février, p. 17.

Saviez-vous que dans votre entourage, au moins une personne a été victime d’un abus sexuel? Qu’une femme sur trois a été victime d’au moins une agression sexuelle depuis l’âge de 16 ans au Québec? Et qu’un homme sur six en sera victime au cours de sa vie? 2020, K. Gagnon, Le Journal de Montréal (site Web), 19 juillet.

Histoire

1Depuis 1922. Se rattache à l’anglais abuse « physically harmful treatment » (v. Random 1979 et Webster 1993); abus physique est un calque de l’anglais physical abuse (v. BTradJust). 2Depuis 1948. Se rattache à l’anglais abuse « rape or indecent assault not amounting to rape » (v. Webster 1993); abus sexuel est un calque de l’anglais sexual abuse (v. BTradJust). L’emploi de abus sexuel, qui n’est relevé dans les dictionnaires de France que depuis PRobert 1993 (toutefois absent de PLar 2021), y est cependant attesté en ce sens depuis au moins les années 1970 (p. ex., dans Revue française de psychanalyse, mars-juin, 1971, p. 209). Il a également été relevé dans la presse francophone d’Europe (p. ex. en France, dans Marie France, novembre 1988, p. 136; Le Figaro, 20 avril 1989, p. 10; Libération, 20 septembre 1989, p. 32; en Suisse, dans Femina, 25 septembre 1988, p. 22).

 abuser.

Dernière révision : mai 2021
Trésor de la langue française au Québec. (2021). Abus. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/abus